Auditoire de Joinville ( Haute Marne ) , tribunal , historial et reconstitutions


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dans les années 1700

Une ville seigneuriale

Joinville dans les années 1700

Le plan de Contenot (1750)


.......... Le plan dressé par Contenot ( 1750 ) montre que les remparts ont été abattus, mais que les portes subsistent.

Le logement des gens de guerre (suite)

..........Au XVIIIe s. la ville est bien appauvrie, notamment par le passages des troupes. Les habitants ne cessent de se plaindre du comportement des hommes de troupe : "contre deux gendarmes d'Orléans pour bris de portes et de fenêtres d'une maison où ils devaient loger et qu'ils trouvaient fermée", "insulte faite aux officiers de la ville par un lieutenant du 3e bataillon lyonnais", "plainte portée par les gardes du tabac contre le commandant du 2e bataillon de milice qui les aurait insultés", "procès verbal dressé par les officiers de l'Hôtel de Ville pour insultes et violences exercées par quatre dragons de régiment de Harcourt, chez plusieurs habitants de cette communauté", "insultes et menaces faites au maire et aux échevins par des officiers du régiment de la Borie, du régiment Royal-artillerie, pour cause de retard dans le transport des bagages" "information contre un bourgeois de Joinville qui avait tué d'un coup de fusil un cavalier du régiment de Gramont", "rixe entre un particulier et un soldat du régiment de Vexin", "rixe entre un gendarme et un soldat du régiment de Touraine", "procès verbal dressé par le maire contre des soldats miliciens accusés d'avoir maltraité les habitants", "violences exercées contre un marchand par un capitaine du régiment de Bonnac", "procès verbal dressé par le maire contre des soldats du régiment de La Marche pour vols et tapage nocturne", "requête d'un chanoine demandant le paiement d'une pièce de toile qui lui a été volée par quatre cavaliers du régiment d'Archiac", "requête d'un particulier contre les officiers et habitants pour se faire payer le loyer de sa maison et les dégradations à elle faite par suite du logement des gens de guerre" etc.

.........En 1764 la ville demande une exemption de la taille à cause du "passage continuel de troupes... il n'est pas d'année où il ne passe 25 à 30000 hommes de troupes dans Joinville, toutes avec séjour (il faut fournir) le bois, le sel, l'huile, la chandelle... l’état dans lequel elle a vieilli est bien différent de la position dans laquelle elle se trouve présentement, autrefois paisible dans son entier, elle jouissait de privilèges dont elle était redevable à la protection de ses seigneurs, également jaloux de les lui conserver, sous Charles neuf et pendant près d'un siècle elle est restée exempte de toutes impositions, Louis 14 d'heureuse mémoire a confirmé ces privilèges à la condition de payer seulement sous forme de subvention une somme de 1300 livres, cette taille abonnée se payait aisément par une communauté alors d'un tiers d'habitants de plus qu'elle n'en renferme aujourd'hui (??), qui jouissait de forêts considérables qu’elle voit au reste sans regret faire partie du domaine de S.A.S. et dans laquelle le commerce était d'une certaine force, les passages de troupes s'ils étaient aussi fréquents ne lui étaient pas du moins si onéreux parce que nulle autre imposition n'en dévorait la substance, mais aujourd'hui que réduite à un très petit nombre de citoyens, elle les voit se réfugier dans les villes franches voisines... Cette ville autrefois pavée est un cloaque d'ordures, ses rues fatiguées par une circulation continuelle des chevaux du roi et des routiers voyageurs lui sont très à charge pour l'entretien, l'enlèvement des immondices qu'on est forcé de remplacer à chaque instant par des sables et des matériaux propres à se consolider fait une dépense". La même année une partie des rues est repavée.

..........En 1782 "les habitants fatigués de loger dans leurs maisons les troupes qui depuis 1746, avaient constamment tenu garnison dans la ville, voyant que les casernes établies dans la rue des Marmouzets se trouvaient en mauvais état conçurent le projet d'en construire de nouvelles, sur l'emplacement même du collège... le collège est transféré dans les salles de l’hôtel de ville". "Les casernes sont assises sur le terrain de la ville et ont été construites aux frais de la province. L'entretien et au compte de la province... 131 lits". Aussitôt les plaintes cessent.

Joinville au XVIIIe s. (détail d'une toile XIXe s.)

Un crève-coeur : la vente des bois communaux

.......... En 1654 40000 livres étaient indispensables pour "réparer murailles, ponts, pavés et autres choses publiques qui sont ruinées et démolies (et les habitants) seront contraints d'abandonner une part de bois du domaine de la dite ville". Ils furent vendus au prince en 1657. "En 1663 les habitants ont protesté contre cette vente (des bois)". En 1748, ils voulurent en demander judiciairement la proscription.

.........Le 17 pluviôse an III une sentence du tribunal de Chaumont fait rentrer Joinville en possession de 1261 arpents (environ 640 ha) au nom des "nullités dans l'acte de vente (…) le dol et la fraude".

Mainmise des princes sur les offices municipaux :

..........Lorsque Louis XIV met en vente l'office de maire, la commune de Joinville est trop pauvre pour en faire l'acquisition, les Orléans le réunissent à la principauté. La Grande Mademoiselle joint ainsi les fonction du nouveau "maire perpétuel" à l'office de bailli. Le maire devient un agent du pouvoir seigneurial. Du maire primitif, émanation de la communauté des habitants, il n'est plus question. Puis, en 1727 Louis d'Orléans rembourse les offices municipaux, afin de faire cesser les conflits entre hôtel de ville et officiers du bailliage : tous ces offices relèvent désormais de la principauté. A la fin du siècle, le Conseil de Ville est formé d'un maire, son lieutenant, deux échevins, un procureur et quatre conseillers de ville.

Le musicien François Devienne, né à Joinville.

Fin de la fonction de capitale nobiliaire :

..........A Joinville comme dans d'autres capitales de fief, il y a progressif affaiblissement des liens unissant la famille seigneuriale et la ville. Les Orléans, fils, petits-fils ou frères du roi (dont Philippe II Régent de France de 1715 à 1722) sont de plus en plus sollicités par les affaires de la France, ils se désintéressent peu à peu de leur principauté. Néanmoins en 1758 pour pouvoir acquitter l'impôt, une "modération" est réclamée par l'entremise du duc d'Orléans. La ville peut donc continuer à formuler ses requêtes auprès d'un puissant seigneur, ce qui montre la nature très particulière des liens qui unissent à lui les habitants.




Une forge ( gravure de l'Encyclopédie )

Une démographie en recul

..........La courbe démographique est décroissante sur la majeure partie du XVIIIe siècle, le logement des gens de guerre et les difficultés financières de la communauté n'y furent pas pour peu.

..........Dans les années 1780 un redressement démographique s'amorce que peuvent expliquer l'essor des forges et de la culture de la vigne.



Etat sanitaire :

.........."Tandis que les gens à leur aise vivent assez longtemps et ne périssent ordinairement que de vieillesse, il n'en est pas de même du peuple, les uns ouvriers dans les vignes sont sujets à de fréquentes pleurésies au printemps occasionnées par leur genre de travail; renfermé l'hiver, au premier rayon de soleil dans les mois de février et suivants ils travaillent à la vigne, se mettent au soleil et les pores refermés par le froid du soir leur occasionne des fluxions et des péripneumonies. les autres renfermés toue l'année dans de petits réduits mal faits dont ils ne sortent que pour aller dans les bois ramasser le bois qui leur est nécessaire, poursuivis et persécutés par les gardes, s'échangent et contractent ces maladies dangereuses...

Année Nombre de
feux
Estimation
nombre d'
habitants
Vers 1709 910 3640
1713 810 3240
1720 845 3380
1726 838 3352
1773 532 2128
1774 2276
1787 702 2808

.............Les vins dominent singulièrement dans cette province sont la cause de la plupart des maladies et rendent la cure des autres plus difficile. L'eau de vie de marc de raisin qui abonde en ce pays et dont le peuple fait un usage ordinaire et immodéré rend presque toutes leurs maladies très difficiles à guérir ; les remèdes prennent difficilement sur des humeurs brûlées, sur des réserves desséchées, sur des glandes corrodées par cet acide mordant. Si le ministère savait combien cette boisson tue d'individus, je crois qu'au lieu de la tolérer, il la défendrait sous les plus grandes peines. Il faut avoir suivi de près tous ces corps usés qui finissent par l'hydropisie ou l'éthylie pour connaître l'étendue du mal" (Essai topographique...).


Détail du tableau : les vignerons


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